EDF - Bienvenue chez vous

Allumer la lumière, brancher le chauffage, ouvrir un robinet d’eau toujours chaude… des gestes qui ne surprennent plus personne.

Ce sont des éléments de notre confort quotidien tellement banalisés qu’on en oublierait presque que cette énergie nous est fournie par la « fée électricité », chère à Raoul Dufy avant la seconde guerre mondiale.

Pourtant, si le lien entre les Français et EDF va de soi – et tient en partie à l’activité même de l’entreprise –, l’ouverture de son capital imposait que celui-ci soit enrichi.

À la campagne ont alors été assignés plusieurs rôles : rappeler à tous que l’électricité fait partie intégrante de chaque foyer français depuis près de 60 ans ; faire redécouvrir l’entreprise, son maillage du territoire national, son savoir-faire, ses atouts, ses enjeux ; inciter chacun à revisiter cette marque fabuleuse ; et, plus encore, transformer l’attachement en appropriation.

Avec pour objectif de faire d’EDF, jusqu’alors un bien commun qui n’appartient pas vraiment à quelqu’un en particulier, une entreprise dont le capital est personnalisé.

Un saut pas évident à faire, traduit par un éphémère et simplissime mais surprenant Bienvenue chez vous qui a ponctué les messages annonçant cette opération.

Le débat n’a pas manqué de faire rage : comment affirmer que EDF va devenir la propriété de chaque futur actionnaire alors qu’une entreprise publique appartient déjà à tous ?

Comment accepter de payer pour ce qui fait déjà partie du patrimoine national ? Des interrogations propre à toute opération de privatisation, mais qui ont pris ici une dimension particulière avec cette signature jugée par certains provocatrice…

L’agence¹ assure s’être, elle aussi, posée des questions.

En choisissant finalement d’assumer : « Nous avons proposé d’insister sur l’histoire particulière qui unit l’entreprise et les Français. Ces derniers savaient ce qu’ils allaient acheter puisqu’ils connaissaient la maison ».

Une option qui ne pouvait choquer ni l’annonceur ni le ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie : tous deux souhaitaient que cette opération soit une vraie réussite populaire en touchant le plus grand nombre possible de Français.

Toute polémique mise à part, Bienvenue chez vous devenait donc un élément de réassurance : impossible d’être déçu par l’achat d’actions d’une entreprise que l’on connaît si bien, qui nous est si proche, qui est tellement présente dans notre vie ! Le mot bienvenue ayant en outre l’avantage d’associer celui à qui il est adressé à une histoire en devenir, à construire en commun…

Les chiffres sont là pour prouver que cette prise de parole « consensuelle et populaire » a porté ses fruits : avec près de 5 millions de petits actionnaires, l’ouverture de capital de EDF dépasse celle de France Télécom, qualifiée en 1998 d’extraordinaire réussite.

Reste à savoir si le Bienvenue chez vous se transformera pour ces Français nouvellement propriétaires d’EDF en Bienvenue à la Bourse...