Parc Asterix - Une bonne dose de bonne humeur
Finie la rigolade, on passe à la bonne humeur. Ce léger glissement sémantique cache en fait une stratégie anti-morosité proposée par le parc d’attraction à des français fatigués.
Le communiqué de presse aurait également pu commencer par : Nous sommes en 2006, la France est sous l'emprise de la morosité... sauf un petit parc d'attractions où la bonne humeur règne et d'où les fou rires nous parviennent....
Sortie de film, nouvelle campagne, nouvelle attraction, c'est décidément le branle bas de combat chez les gaulois ! Tandis que sur l'affiche du film on apercevait les Vikings débarquant sur fond de coucher de soleil, c'est maintenant la campagne de publicité que l'on découvre sur fond de rayons de soleil d’été.
Pour ce début de saison l'irréductible parc d'attractions, accompagné de son agence¹ , a fait un bout de chemin en revoyant sa signature. En passant du ""voyage à rigoler dans le temps"" à la ""bonne dose de bonne humeur"", il y a eu un véritable changement.
Au départ, un mot d’ordre : augmenter la fréquentation du parc. Auquel se sont ajoutés naturellement deux impératifs : d’abord émerger de l’ombre de Disney imposant encore et toujours - telle l'odeur persistante du poisson d'Ordralfabétix - sa supériorité de géant américain installé, lui aussi, près de la capitale.
Ensuite, casser une bonne fois pour toute le décalage entre l’image perçue d’un parc un peu has been et l'expérience vécue : celle d’un parc, dont, parait-il, les visiteurs sortent inlassablement avec le sourire.
Pour donner envie d’y aller, le parc Astérix a voulu s'assurer les services d’une signature plus moderne et plus statutaire.
L’agence s’est essayée pour l’occasion à jongler entre mots clés et valeurs de marque : esprit malin, sympathique, joyeux, ludique, convivialité... et bonne humeur.
Esprit malin de l'agence oblige, le lien avec la société française s’est fait naturellement, les idées prenant forme dans la logix publicitaire, presque tombée du ciel.
En délaissant le voyage à rigoler dans le temps, le ton abandonne son côté enfantin, sans pour autant écarter les thèmes d’amusement et d’entrain. C’est justement à une échelle plus large et plus populaire que vient se placer la bonne humeur.
Telle une disposition passagère à la gaieté et l’optimisme, cette notion inclut beaucoup plus de sentiments et de sensations, propre aux loisirs, que la simple rigolade.
L’agence nous embarque alors dans un voyage temporel « aller-retour »et s’amuse à transposer notre époque Chiraquienne à celle Césarienne (ou l’inverse), jouant avec les similitudes aussi bien géographiques que d’actualité.
Ainsi, dans notre société actuelle française, qui vient de vivre deux crises (les banlieues, le CPE) opposant le peuple gaulois et l’État romain, les Français sont englués depuis des mois dans la morosité. Et carrément inquiets pour leur avenir (mondialisation, immigration, chômage).
L’invitation de cette bande de gaulois tombe à pic et donne l’occasion de retourner à ses origines, de se recentrer sur soi et des valeurs sûres et rassurantes.
La bonne dose de bonne humeur fait aussi plus simplement écho à ce besoin de s'aérer la tête, de souffler, de se lâcher... et de sortir de l’ordinaire pour oublier le quotidien trop quotidien et étouffant.
Fini le métro-boulot-dodo, la signature propose une dose d'une certaine potion magique qui peut redonner –ne serait-ce qu’un week-end - le sourire et faire retrouver cette bonne vieille bonne humeur que l'on croyait perdue à tout jamais.
L’idée est fraîche et bien venue. Entre second degré et clins d'œil amusants, la signature prend un ton légèrement rebelle, en pleine crise sociale, morale et politique, faisant le pied de nez à la société, mais toujours – et habilement – sans se prendre au sérieux.
Le tout redonne considérablement vie à l’univers de la BD, où tous les ingrédients qui en ont fait le succès (humour, sympathie, convivialité, critique gentille, clins d’œil, et bien sur bonne humeur) sont présents. Avec une cohérence telle qu'Uderzo - Abraracourcix approuve.
En fin de compte, la signature émerge légitimement au milieu de celles, un peu vides, des autres parcs qui peinent à tenir leurs promesses de rêves et d’émotions : Disneyland Paris Croire plus fort en ses rêves; Marineland L'émotion grand large; France Miniature Une mine d'émotions.
L’annonceur et l’agence sont persuadés que le parc Astérix ça laisse des traces. Il se pourrait bien que la campagne aussi y laisse les siennes. On leur souhaite de fêter leur succès ensemble comme il se doit, à la nuit tombée, autour de la table, à engloutir des sangliers.
- BDDP & Fils par Toutatis !
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