UMP - Imaginons la France d'après UMP - Imaginons la France d'après
Publié le 15 septembre 2006 par Jean-Luc Gronner
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UMP - Imaginons la France d'après

Logotype UMP

Une signature d’un parti peut-elle être autre chose qu’un slogan politique ? Voici en tout cas la campagne présidentielle lancée... sur une ambiguïté.

En moins de 15 jours, Imaginons la France d’après ¹ obtient sur Google dix fois plus d’occurrences que Donner au train des idées d’avance, lancée récemment avec force par la SNCF ou Faire du ciel le plus bel endroit de la terre le slogan d'Air France qui a plusieurs années d’existence.

Nous sommes encore loin du score de La force tranquille mais d’ores et déjà le slogan politique montre sa différence de nature par rapport à la signature de marque.

Les entreprises bénéficient rarement d’un tel emballement médiatique et blogosphèrique, sauf en cas de crise.

Il faut dire qu’à travers cette signature visible dès la page d’accueil du site du parti, c’est une campagne présidentielle qui vient d’être lancée. Avec plus d’un an d’avance. Et en trois mots.

Imaginons.

L’UMP est un parti politique. C’est également une marque. Si l’ « entreprise » UMP n’a pas d’actionnaires, elle a des dirigeants, des salariés. Elle a surtout des adhérents qui lui apportent une partie de ses ressources financières.

Pour augmenter le nombre de ceux-ci, l’UMP qui selon ses chiffres en compte 215 843 à jour de leurs cotisations 2005, choisit donc l’imagination comme valeur sur laquelle appuyer sa campagne de recrutement.

Ce choix se comprend : le rajeunissement des adhérents est un objectif partagé par tous les partis. Et la plupart des DRH confirmeront que l’expression de la créativité et de l’imagination figurent en tête des motivations des jeunes candidats en quête de responsabilités.

Imaginons vient également rappeler cette évidence : la fonction de tout parti démocratique est d’être un lieu où les idées naissent, remontent et deviennent projets. Dans la forme enfin, la 1ère personne du pluriel est une invitation qui nous épargne l’injonction pénible de l’impératif.

France.

L’UMP n’est pas un parti de gauche. L’imaginaire collectif des adhérents, des sympathisants et des électeurs de ce parti ne contient pas - en tout cas en tête de liste - les mots : « lutte », « justice », « social » , «, égalité » voire même « français ».

Au contraire : « liberté », « nation », (plus que « pays » ou « patrie » connotés encore plus à droite) « grandeur » et donc « France » font partie du fonds de sauce - les experts disent champ lexical - à partir duquel il convient de composer la recette de communication d’un parti ou d’un candidat de la droite républicaine sans risquer de perdre ses petits.

En 1974 Changez la France avec François Mitterrand pourtant testé avec succès avait été rejeté au profit de La seule idée de la droite, garder le pouvoir. Mon premier projet, vous le rendre. Mitterrand dut attendre 7 ans de plus et la force tranquille pour mettre le projet à exécution.

Après.

Cette simple préposition crée l’aspérité de cette campagne. Imaginons la France de demain n’aurait pas mérité une chronique. Imaginons la France d’après, si. Car la singularité du après c’est qu’il nous laisse la liberté d’achever la phrase.

Il fait appel à notre intelligence et à notre connaissance de la situation politique mais en créant du coup des sous-entendus. Selon les cas, on lira simplement après l’élection, conscient que rien ne se fait d’important dans ce pays en dehors des premières années d’un mandat présidentiel. Mais c’est bien sûr après Chirac que beaucoup auront entendu sans beaucoup se forcer (ou après J.C. comme il a été dit et qui ne fait que renforcer cette interprétation .²

On peut juger ce sens désobligeant pour un Président en exercice, vexant pour un Premier ministre au charbon, qui appartient pourtant à la même famille politique. Il n’empêche : une partie du public visé se sentira probablement en phase avec cet après de rupture qui stigmatise tout ce qui n’a pas été fait ou aurait pu être fait et titille la volonté de changement qui est la motivation première de tout militant politique.

Une sorte de Vivement après qui ressemble à ce Vivement demain que proclamait un certain... Jacques Chirac dans la campagne législative de 1986 !

Seulement voilà. Ce n’est pas le PS qui invite à imaginer la France d’après, c’est le parti dirigé par le n°2 d’un gouvernement (Nicolas Sarkozy) qui est aussi en charge de l’avant, c'est-à-dire du maintenant. Aux sous-entendus du après s’ajoute le paradoxe de la situation : comment rompre avec quelque chose auquel on participe tous les jours ?

Comment être à la fois dans l’opposition et la majorité ? Et comment ne pas lire dans la signature de l’institution, le slogan du futur candidat ?

L’avenir proche dira si sous-entendus et paradoxes, qui sont souvent des ingrédients de la réussite dans le cas de signatures classiques³ souriront également à l’UMP et ce qu’ils inspireront à ses concurrents.

  • Agence Hémisphère Droit

ndlr : Nicolas Sarkozy a été élu le 6 mai 2007, 6ᵉᵐᵉ Président de la 5ᵉᵐᵉ République. L'UMP obtient la majorité à l'assemblée aux élections législatives de juin, la même année.

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