Sega - C'est plus fort que toi Sega - C'est plus fort que toi
Publié le 1 septembre 2006 par Jean-Luc Gronner
Lecture 2 min.

Sega - C'est plus fort que toi

logo Sega

Gamers de France, en matière de signatures de marque, voici votre Graal. Vous pouvez vous incliner, on n'a pas fait mieux depuis.

Mega drive. Saturn. Dreamcast … Ces noms ne signifient probablement pas grand chose pour vous.

Pour un accroc de jeux video, c’est différent. Prononcez-les devant un gamer, vous verrez s’allumer dans ses yeux une lueur bizarre qui pourrait bien être de la nostalgie.

A coup sûr ces mots vont lui rappeler ses nuits de défonce et les machines de rêve avec lesquelles ils s’essayait à After Burner ou Streets of Rage dans les années 80 et 90. Exactement comme les motards se souviennent des modèles de bécane pour lesquels ils ont craqué.

Toutes ces consoles de jeu ont pourtant un seul et même papa : Sega.

Sega vient du raccourci de Services Games, premier nom que lui trouva son fondateur, David Rosen, un américain qui en 1951 fût assez allumé pour s’installer au Japon. Et qui décida d’adopter définitivement Sega que les Japonais prononçaient plus facilement.

Comme le dit joliment un fan, « Sega est aux jeux vidéo ce que Lovecraft est à la littérature fantastique, une sorte de précurseur perpétuel mais rarement reconnu du grand public ».

Il est vrai que Sega, constructeur de machines qui firent vibrer des générations de joueurs, innovateur à répétition avec la première console 32bits, la première console en ligne… accumula également les bourdes marketing.

Face aux géants qui se mirent à lorgner puis à investir le marché du jeu à la fin du siècle dernier, Sega se prit finalement les pieds dans le tapis de la mondialisation.

Après un combat de 20 ans avec son éternel et respecté rival Nintendo, Sega rendit les armes en 2001 devant Sony et sa playstation, considérée par les vrais joueurs comme un produit bien trop grand public pour mériter leur estime.

Aux dernières nouvelles la firme ne fabrique plus de hardware. Devenu simple éditeur de jeux, Sega se refait une santé en vendant son soft et ses idées à Sony, Microsoft et Nintendo !

Un peu comme si aujourd’hui Apple rendait son tablier de constructeur et vende des logiciels à Dell ou à HP.

Pourtant, on ne pourra pas incriminer les managers de Sega d’avoir manqué d’imagination pour leur publicité ni pour leurs signatures comme Now, they are no limits, Welcome to the next level ou le drolatique Sega can what Nitendont !.

Mais rien n’égale Sega, c’est plus fort que toi, née en France au début des années 90¹. Dépassant le simple slogan produit, prenant d’emblée le statut de signature de marque, ces quelques mots deviennent en quelques années une signature culte qui provoque excitation et jubilation de la part de toute une génération de joueurs et occupera d’ailleurs une place dans les esprits bien au-delà des gamers.

Il faut dire que tous les ingrédients d’un slogan d’enfer sont réunis.

D’abord, Sega détourne une expression populaire courte et universelle qui exprime très précisément ce que ressent un joueur contre son adversaire virtuel dans une course de bagnole ou un jeu de baston.

Le tutoiement qui aurait été rédhibitoire dans un autre contexte et utilisé par une autre marque trouve ici sa pleine justification et crée une connivence avec chacun des millions de joueurs du monde entier à qui Sega s’adresse individuellement.

Les deux sens de la phrase ajoutent enfin à la jubilation. On peut en effet entendre : Sega est plus forte que toi ; Sega assumant son rôle de marque de défi, provocatrice et incitant du même coup le joueur à démontrer le contraire.

Mais le deuxième sens de la phrase exprime aussi cette évidence : un vrai hard gamer ne peut tout simplement pas s’empêcher de s’adonner au jeu.

Cet instinct ludique plus fort que tous les appels à la raison ( notamment des parents !) est un instinct de vie, celui des éternels gamins ; ceux-là mêmes qui enragent de voir leur marque mythique mordre la poussière devant les Sony et autres Microsoft, coupables à leurs yeux d’être des briseurs de rêve, d’élargir le marché aux grand public, c’est à dire aux vieux, et de faire du marketing et de la publicité plutôt que de vrais jeux.

Qu’il se consolent, pourrait-on dire. Car Sega, c’est plus fort que toi ne sera jamais dépassé ni même égalé par ses concurrents. Quel que soit le destin de l’entreprise, Sega a au moins gagné la mère des batailles auprès de son public, celui de l’imaginaire et de la mémoire.

On attend la résurrection.

  • Lintas

https://youtu.be/AOEm5hxUiW8?si=SdGeOoR9kJJ-JUOg

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